Prix autorité locale – 2011
Madagascar
Femmes rurales, clés du développement à Madagascar
Mots-clefs : femmes, non-violence, pauvreté, développement, gestion participative
« Tous lui conseillaient de renoncer à son combat. Malgré cela, plus on entravait ses efforts, plus les capacités oratoires d’Eva devenaient plus convaincantes, et des foules d’hommes et femmes se rassemblaient autour de cette "femme au mégaphone". »
« Fédérer, défendre les plus fragiles sans concessions mais sans heurts. »
Eva Monique Ravaloriaka, virtuose du genre : Ancienne éducatrice, Eva Monique Ravaloriaka, femme souriante et efficace, adepte de la simplicité, est aujourd’hui maire de la commune de Manjakandriana, située à 45 km d’Antananarivo. Agronome de formation, elle éveille les 25 000 habitants de sa commune aux dynamiques du développement économique et humain.
Problématique : Dans une société patriarcale au sein de laquelle la femme est considérée comme un « meuble délicat », la pauvreté et l’absence de structures institutionnelles se chargeant du genre ont des conséquences graves sur la vie des femmes. Victimes de violence, réduites à des tâches subalternes et à la procréation, elles sont privées de formations et n’ont guère accès aux postes à responsabilité. Pour couronner le tout, l’absence de statut civil pour les femmes mariées dans le cadre du droit coutumier, exacerbe le conflit avec les maris.
Action : Dans son enfance, la pauvreté et la violence faite aux femmes à Madagascar, l’ont marquée et l’ont décidée à entrer en politique. Depuis, elle multiplie les actions en faveur du développement, de la dynamique des genres, de la protection des démunis et des femmes. Parmi les actions les plus notables dont elle est la cheville ouvrière, émerge la construction de dizaines de maisons, d’escaliers qui désenclavent les collines, de routes, d’écoles, de centres de santé, un marché public,… Mais le point d’orgue de sa politique reste son action en faveur du genre : aide aux personnes pour l’acquisition d’un acte d’état civil, mariages collectifs qui ont déjà permis à plus de deux cents couples d’avoir une existence juridique ; organisation de processus de conciliation pour les conflits en tout genre (couple, voisinage, professionnel…), aboutissant à une réduction de 90 % du nombre de recours devant les tribunaux ; mise en place de formations pour sensibiliser à la question du genre et création de structures composées bien sûr d’hommes et de femmes.
Dimension Harubuntu : Fédérer, défendre les plus fragiles sans concessions mais sans heurts. Cette femme, travailleuse acharnée, s’est mise au service de la population avec la détermination de ceux qui savent où ils se dirigent, forts de la justesse de leur vision. Elle « ose exprimer l’importance du féminin sans confrontation », utilisant avec intelligence la coutume malgache de la FIHAVANANA, qui implique le respect, le dialogue constructif, la coopération et la participation de tous. La notion de complémentarité et de réciprocité entre les hommes et les femmes est au cœur de sa démarche.