Prix société civile – 2013

Rwanda

Association Modeste et Innocent

Mots-clefs : génocide, réconciliation, ubuntu, pardon.

« Je souhaite voir une société pleine d’ubuntu, c’est-à-dire de bonté et de gratuité. »

« La paix ne peut être établie dans la société tant que l’homme ne la trouve pas d’abord en lui même. »

Laurien en quelques mots : C’est à Leuven, où il prépare un doctorat en théologie, que Laurien Ntezimana découvre la philosophie taoïste. Il va alors troquer sa thèse contre un “exercice de véracité” qui va donner le ton à son engagement futur : s’évader des sentiers battus à la poursuite de la “bonne puissance” qu’il définit comme la maturité de l’humain(Cfr son livre Libres paroles d’un théologien rwandais : joyeux propos de bonne puissance, Karthala, Paris, 1998) dans l’homme. C’est dans cet esprit qu’il retourne au Rwanda en 1990 lutter contre la violence avant, pendant et après le génocide. En 2000, il fonde l’Association Modeste et Innocent (AMI) qui poursuit la mission de développer l’ubuntu par la “bonne puissance”.

La Bonne Puissance

Un changement de logique

Pour qu’une atrocité telle que le génocide ne se reproduise plus, un changement d’acteurs ne suffit pas. Encore faut-il que puisse s’opérer un changement de logique. Laurien constate que trop souvent on répond à l’offense par la vengeance. Changer de logique, c’est accéder à un autre niveau de conscience et réaliser que ce qui nous unit est beaucoup plus important que ce qui nous divise.

Créer du lien

Pour aider à dépasser les traumatismes et les souffrances liés au génocide, Laurien a systématisé une méthode de gestion des conflits et de vivre ensemble. Appelée « méthodologie de la bonne puissance », elle a pour but ultime de transformer la souffrance en conscience en se libérant des étiquettes… « avant d’être Hutu ou Tutsi, un être humain est d’abord un être humain et doit être respecté et traité comme tel ».

Libérer la parole

Aujourd’hui, des “animateurs en bonne puissance” ont été formés. Ils mettent sur pied des équipes actives dans différents villages. Des espaces de parole sont instaurés, dans lesquels les personnes peuvent se rencontrer et raconter les injustices subies, les souffrances endurées et les espérances cachées. Une dynamique qui permet, entre autres, de recréer du lien entre victimes et bourreaux et ainsi de casser la spirale de la violence.

En bref : La méthode de la “bonne puissance” est une méthode de gestion des conflits et de consolidation de la paix, imprégnée d’évangile et de philosophie taoïste. Sur cette base, différentes initiatives ont vu le jour :

• mise en route de noyaux générateurs d’unité et de réconciliation
• création d’espaces de rencontre entre rescapés et ex-prisonniers pour cause de génocide
• mise en place dans des écoles de “clubs speak” pour promouvoir la citoyenneté active
• rééducation des prisonniers et réintégration psycho-sociale
• émissions radios sur la philosophie d’ubuntu et la pratique de la “bonne puissance”

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