Coup de Cœur Société Civile – 2012
République Démocratique du Congo
Association pour l’Encadrement des Jeune et Enfants de la Rue DU CONGO (AEJERC)
Mots-clefs : enfants de la rue, enfants sorciers, réinsertion, formation.
Ollie David Levi, autodidacte de la rue. Le projet de David Ollie s’enracine dans une expérience personnelle douloureuse, par rapport à laquelle il a réussi à prendre beaucoup de distance pour la transformer en tremplin. À l’âge de 7 ans, il est abandonné et jeté à la rue. Quinze ans plus tard, il se dit qu’il n’y a pas de fatalité et décide de créer une association d’enfants de la rue.
La problématique : Au cours des vingt dernières années, on constate une explosion du nombre de jeunes et d’enfants vivant dans les rues de Kinshasa, et plus largement dans toutes les villes de la République Démocratique du Congo. Orphelins ou prétendus sorciers chassés de leur famille, ces jeunes constituent une réalité sociale devenue presque banale. Les shégués, comme on les appelle en RDC, vivent entre la débrouillardise, le rejet, les coups et les séjours en prison. Par son association, David Ollie veut leur redonner une place dans la société.
Action : La finalité du projet est de permettre aux enfants de la rue de se lancer dans une activité génératrice de revenus. Plusieurs étapes sont mises en œuvre pour y arriver. Avec son équipe, il facilite l’intégration des enfants nouvellement arrivés grâce à des visites sur les sites fréquentés par les jeunes. L’accompagnement est régulier, notamment sur le plan médical. Les plus âgés sont formés afin de les amener à se prendre en charge et in fine d’être capable de quitter la rue. Plusieurs possibilités s’offrent aux apprenants, comme par exemple la couture ou l’esthétique... David fournit beaucoup d’efforts pour se faire reconnaître par la communauté et les autorités locales. Il a d’ailleurs réussi à signer un contrat avec celles-ci pour l’assainissement de l’environnement. C’est à la fois un signe de reconnaissance de l’utilité de son action et aussi une possibilité pour les jeunes d’être revalorisés. Par cette activité d’assainissement, il contribue à la propreté publique tout en gagnant leur vie de manière décente.
Dimension Harubuntu : Forte personnalité, David symbolise le changement de regard sur soi-même qui, par après, se communique aux autres. Il a dû dépasser ses propres limites, faire sauter les barrières qu’il s’imposait ou qui lui était imposée pour reprendre sa place dans la société. Cette expérience, il la transmet aujourd’hui à d’autres enfants de la rue. « À chaque occasion où l’on doit s’arrêter pour regarder la peur en face, on gagne en force, en courage et en confiance. Il faut faire les choses qui nous semblent impossibles. » Le secret du changement consiste à concentrer son énergie pour créer du nouveau, et non pas pour se battre contre l’ancien.